Gérard Degli-Esposti est directeur de l’ISR(1) immobilier à la Française REM(2) et président de l’Observatoire de l’Immobilier Durable(3). En tant qu’acteur et observateur de l’écosystème immobilier depuis près de 20 ans, Le Blog de Deepki a souhaité recueillir sa vision sur l’irruption du Big Data dans le secteur immobilier et ses conséquences.
Depuis quand la Data a-t-elle pris une place prépondérante dans l’immobilier ?
En France, des réglementations successives (loi Grenelle, loi Grenelle II, loi de transition énergétique…), ont posé un cadre incitatif en vue d’une amélioration de la performance énergétique dans l’immobilier. Dès 2010, on a compris qu’il fallait commencer à mesurer la performance énergétique de l’immobilier et donc créer de la donnée pour établir des indicateurs. Des campagnes d’installation de compteurs ou d’audits énergétiques ont alors été lancées, donnant ainsi l’occasion de passer en revue les équipements en place. Les bases de données techniques qui en ont découlé se sont vite avérées énormes et difficiles à exploiter.
La mesure de la performance a-t-elle permis d’accroitre l’efficacité énergétique dans l’immobilier ?
Non. Le secteur entier s’est mis à générer des données, publier des indicateurs pour arriver à des conclusions bien décevantes. Les indicateurs montaient ou descendaient de quelques points tous les ans sans qu’ils aient beaucoup de prises avec la réalité du terrain. La difficulté à collecter les données, les croiser ou à neutraliser les éléments impactant la performance (météo ou taux de vacances variables d’une année sur l’autre par exemple) ont fait de la mesure un débat d’experts bien loin de l’outil de pilotage de performance environnementale attendue.
Comment le Big Data va-t-il changer la donne selon vous ?
Aujourd’hui, grâce au Big Data et plus généralement à toutes les technologies de « Data-Analytics », il est possible de traiter et de croiser de très grands nombres de données pour obtenir des analyses plus claires, plus rapides, plus précises qui intègrent des données complexes. On va enfin pouvoir sortir de la mesure, obtenir une vision claire de notre patrimoine et s’attaquer directement aux problématiques les plus impactantes.
Au-delà de la performance environnementale, le Big Data fait partie des éléments incontournables qui permettront à l’immobilier de demain de se réinventer. Je suis impatient de voir ses applications dans de nouveaux champs comme la conception de l’immeuble de demain. J’envisage d’ailleurs de lancer une expérimentation dans ce sens au sein de La Française REM. Affaire à suivre.
(1) l’Investissement Socialement Responsable
(2) La Française REIM
(3) Observatoire immobilier durable
Crédit photo : Le Blog de Deepki / Gérard Degli-Espoti