Hausse des coûts de l’énergie en Europe : quel impact pour les acteurs de l’immobilier ?

Maria Eugenia Ortiz
Date13 octobre 2022

Le contexte actuel est délicat

Aussi bien en raison de la guerre en Ukraine que des conditions climatiques extrêmes auxquelles l’Europe a été exposée cet été, les prix de l’énergie ont explosé. Une des réponses à ce nouveau paradigme est la stratégie de l’UE basée sur la sobriété énergétique. 

Mais la situation soulève tout de même une question : les gouvernements saisiront-ils cette chance d’embrasser la transition énergétique en s’éloignant des combustibles fossiles ? Et que cela signifie-t-il spécifiquement pour le secteur de l’immobilier ?

Le plan de l’Union européenne

À la suite de l’invasion de l’Ukraine le 24 février dernier, la quantité de gaz naturel acheminée vers l’Europe depuis la Russie a diminué de plus de la moitié. Ceci a fait grimper les prix de l’énergie à des niveaux record. C’est un problème majeur, car de nombreux pays de la zone euro dépendent fortement des combustibles fossiles russes pour alimenter leurs maisons et, plus généralement, pour soutenir leurs économies. 

En mai dernier, la Commission européenne a présenté le plan REPowerEU. Ce plan vise à accélérer la transition verte et à réduire la dépendance de l’Europe aux combustibles fossiles russes d’ici 2027. Grâce aux économies d’énergie, à la diversification des approvisionnements énergétiques et au déploiement accéléré des énergies renouvelables pour remplacer les combustibles fossiles dans les foyers, l’industrie et la production d’électricité, le plan REPowerEU peut contribuer à atteindre cet objectif. L’Europe compte donc renforcer sa croissance économique, sa sécurité et son action en faveur du climat.

Deux mois après la première annonce, la Commission a communiqué une version allégée du plan initial. Les 27 sont invités à réduire leur consommation de gaz de 15 % entre le 1er août 2022 et le 31 mars 2023. En outre, tous les deux mois, chaque gouvernement doit mettre à jour son plan d’urgence national et en rendre compte à la Commission. Cette déclaration est intervenue moins de 24 heures après que Gazprom, le géant gazier russe, a annoncé réduire la quantité de gaz naturel qu’il envoie en Allemagne par le Nord Stream 1, le plus long gazoduc sous-marin du monde.

Compte tenu de la complexité des scénarios, l’UE devra probablement rendre son plan plus contraignant afin de s’assurer que les nations collaborent et parviennent à avoir un impact pour atténuer cet embargo gazier avant l’hiver. 

Qu’est-ce que cela signifie pour les acteurs de l’immobilier ?

En ce qui concerne les entreprises de services publics, les prix ayant fortement augmenté, beaucoup n’ont eux eu d’autre choix que de répercuter l’énorme hausse des prix sur leurs clients afin de rester à flot. Mais cela ne fait que déplacer le secours en aval de la chaîne, car les ménages et les entreprises devront mécaniquement s’adapter à cette hausse des coûts énergétiques. 

Il y a un fort consensus au niveau public sur la nécessité de mettre en place une infrastructure solide pour la modernisation et les énergies renouvelables. Mais passer à l’action s’avère compliqué, notamment en termes de bureaucratie. Les législateurs de l’Union européenne incitent, à leur tour, le secteur privé à réhabiliter les résidences et les entreprises anciennes. 

Du point de vue des gestionnaires d’actifs, cela pourrait être une opportunité. En effet, les actifs qui ont été modernisés avant l’heure bénéficieront d’une hausse de valeur qui aura également un impact sur l’ensemble du portefeuille.

Qu’en est-il du commerce de détail ?

Les prévisions sont également plutôt sombres en termes de coûts énergétiques pour les locataires, car les directeurs financiers des grands détaillants devront se pencher sur l’urgence de la gestion énergétique.

Le 26 juillet, la Fédération Perifem, qui réunit tous les acteurs de la distribution ainsi que leurs fournisseurs autour des préoccupations de l’environnement, de l’énergie, de la sécurité et d’innovation technologique, a présenté un protocole énergétique de crise qui devrait être mis en œuvre d’ici la fin de l’année.

Les dirigeants des plus grandes enseignes de la distribution en France et en Europe (Système U, Leclerc, Carrefour, Auchan, Franprix, Casino, Lidl, Monoprix, Picard, etc.) ont adopté ce protocole.Lles principales mesures visent à éteindre les enseignes lumineuses dès la fermeture du magasin et à systématiser la baisse de l’intensité lumineuse en journée. C’est sans oublier l’ambition d’appliquer une gestion plus sobre de l’énergie, comme l’interruption du renouvellement d’air la nuit.

Mais ces mesures pourraient ne pas être suffisantes

Les acteurs du retail doivent en effet réduire leur consommation d’énergie (isolation des bâtiments, équipements techniques, etc.), produire de l’énergie supplémentaire par eux-mêmes (photovoltaïque), et se conformer aux obligations réglementaires (bornes de recharge, etc.). Il est peu probable que le secteur soit en mesure de financer tous les investissements de modernisation et de transition sans soutien. En effet, un soutien basé sur les données et l’expertise ESG et de la gestion de l’énergie sera nécessaire. 

La gestion de l’énergie est complexe et sa planification nécessite du temps et des efforts de la part d’une équipe de parties prenantes alignées. Outre les ressources nécessaires à la mise en place d’une stratégie adéquate, la collecte de données, le plan d’action et le suivi sont toutes des étapes importantes qu’il faut prendre en compte et gérer. Dans ce contexte, la plateforme Deepki Ready et les services de conseil de Deepki sont des alliés de taille. Nous mettons également à disposition des documents et des outils pour aider les acteurs de l’immobilier dans leur transition vers le Net Zero.