Greenwashing et reporting ESG : risques, conséquences et stratégies pour la transparence

Clementine Tanguy
Date26 août 2024

Selon l’enquête globale de PwC auprès des investisseurs en 2023 (PwC’s Global Investor Survey 2023), 94 % des investisseurs doutent de la validité du reporting de durabilité des entreprises, citant des revendications non étayées. Cette enquête, couvrant 345 investisseurs et analystes de 30 pays et territoires, révèle que près 65 % des répondants travaillent pour des organisations ayant un total cumulé d’actifs sous gestion de plus de 1 milliard de dollars. Ce scepticisme souligne la nécessité de mesures fortes pour lutter contre le greenwashing, une pratique qui érode la confiance dans les efforts de développement durable.

Qu’est-ce que le « greenwashing » et pourquoi est-ce un sujet préoccupant pour l’immobilier ?

À la demande de la Commission européenne, les Autorités européennes de surveillance (AES) définissent le greenwashing (ou « éco-blanchiment » en français), l’assimilant à des « pratiques dans lesquelles les déclarations, les actions ou les communications liées au développement durable ne reflètent pas clairement et équitablement le profil de développement durable sous-jacent d’une entité, d’un produit ou d’un service financier. Cette pratique peut induire en erreur les consommateurs, les investisseurs ou d’autres acteurs du marché. ».

Les pratiques trompeuses courantes incluent la sélection stratégique de données, les omissions, l’ambiguïté du langage, et l’utilisation trompeuse de la terminologie ESG (environnementale, sociale et de gouvernance). Même les documents réglementaires ne sont pas à l’abri de ces risques. Les labels et les rapports volontaires ne doivent pas être négligés. Cette définition s’applique à l’ensemble des acteurs de la chaîne financière : banques, assurances, sociétés de gestion d’actifs, agences de notation ESG et émetteurs de produits financiers.

L’essor du greenwashing entraîne également l’émergence du greenhushing et du greenwishing

Certaines entreprises se tournent vers le greenhushing comme moyen d’éviter le greenwashing, en sous-déclarant les progrès réalisés dans les initiatives de durabilité. Cependant, cette pratique n’est pas viable à long terme. Elle passe à côté de l’opportunité de démontrer la création de valeur à long terme et une gestion efficace des risques.

Le greenwishing, ou greenwashing involontaire, se produit lorsqu’une entreprise tente d’atteindre des objectifs de durabilité mais manque de moyens y parvenir. Poussées par le désir d’établir des objectifs de durabilité ambitieux, les entreprises peuvent s’engager dans des objectifs dépassant leurs capacités, que ce soit en raison de limitations financières, technologiques ou organisationnelles.

Les conséquences du greenwashing

Le greenwashing, qu’il soit intentionnel ou non, entraîne des conséquences significatives telles que la perte de confiance des investisseurs et la dégradation de la réputation des entreprises. Cela peut induire les investisseurs en erreur et compromettre la crédibilité du marché financier.

L’Union européenne vise à être un leader en matière de transparence ESG

L’Union européenne offre des outils précieux pour lutter contre le greenwashing et promouvoir la transparence. Parmi ceux-ci, on trouve la Taxonomie de l’UE, le Règlement sur la divulgation de la finance durable (SFDR) et la Directive sur la publication de données non financières (CSRD). La CSRD met l’accent sur la double matérialité. Elle oblige les entreprises à divulguer leur impact environnemental, et comment les facteurs externes influent sur leur performance financière.

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Le guide sur la SFDR et la Taxonomie

Comprendre et appliquer les réglementations dans les opérations quotidiennes peut être difficile. Ce guide vous aidera à élaborer un plan d’action solide pour répondre aux exigences de la Commission européenne.

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La règle anti-greenwashing de la SDR

En novembre 2023, l’Autorité de conduite financière (FCA), l’organisme de réglementation supervisant les sociétés de services financiers et les marchés au Royaume-Uni, annonce la publication de ses nouvelles Exigences de divulgation en matière de durabilité (SDR). Ces règles concernent les gestionnaires d’actifs et les étiquettes d’investissement. Elles sont conçues pour permettre aux investisseurs d’évaluer les références en matière de durabilité des produits d’investissement et des fonds. Au cœur de ces mesures se trouve une règle anti-greenwashing. Celle-ci est applicable à toutes les communications des entreprises autorisées par la FCA concernant les attributs environnementaux ou sociaux des produits ou services financiers, entrée en vigueur fin mai 2024.

Limites et défis du cadre réglementaire de l’UE

Malgré les progrès réalisés par l’UE dans l’élaboration de normes de reporting ESG, des défis persistent. C’est le cas notamment pour la diversité des cadres de reporting, le manque de normalisation des données ou encore le manque de surveillance réglementaire. Ces obstacles compliquent l’évaluation précise des performances ESG des entreprises et augmentent le risque de greenwashing. Par exemple, l’absence de normes de reporting uniformes a créé un paysage fragmenté caractérisé par une multitude de cadres, de lignes directrices et de métriques. Ce manque d’harmonisation accentue les incohérences, la confusion et le risque de greenwashing, qu’il soit intentionnel ou non. 

Du greenwashing ou des données collectées défaillantes ?

Les défis associés à la durabilité et au greenwashing découlent de divers problèmes liés aux données :

  • Manque de normalisation : Les entreprises utilisent souvent des normes et des indicateurs différents pour rapporter leurs données de durabilité. Cela rend difficile pour les investisseurs de comparer et d’évaluer leur performance de manière précise.
  • Qualité et fiabilité des données : Les données peuvent être incomplètes, incohérentes ou peu fiables. Les entreprises omettent des informations négatives ou pratiquent un reporting sélectif. Elles mettent en avant leurs actions positives tout en minimisant les impacts négatifs.
  • Périmètre et matérialité : Déterminer les facteurs clés de durabilité peut être subjectif. Les entreprises peuvent privilégier des aspects moins critiques pour se donner une image positive, négligeant des enjeux plus importants.
  • Supervision réglementaire limitée : La surveillance et l’application réglementaires dans le reporting de durabilité sont limitées. Cela entraîne un manque de responsabilité pour les entreprises pratiquant le greenwashing.
  • Complexité des enjeux de durabilité : Les questions de durabilité sont interconnectées, rendant difficile l’évaluation de leur impact global.

Comment éviter le greenwashing : tout commence par des données de qualité 

Des données ESG de haute qualité sont essentielles pour prévenir le greenwashing et renforcer la transparence. Il est ainsi crucial de mettre en place des processus rigoureux de collecte, de gestion et de traçabilité des données. Cela commence par un processus clair et structuré pour la collecte des données au niveau du portefeuille. Ce processus inclut des métriques bien définies et des directives visant à aider les entreprises à rapporter avec précision.

Les entreprises doivent aussi préciser pourquoi elles se concentrent sur des données ESG spécifiques. Elles doivent expliquer l’importance de ces données pour leur portefeuille et comment elles prévoient de les utiliser. Vous le voyez : la collecte de ces données va bien au-delà de la simple vérification. Comprendre les motivations derrière les demandes est essentiel pour améliorer la qualité des données. Des données précises permettent aux entreprises et à leurs portefeuilles de soutenir leurs allégations de durabilité, de communiquer efficacement et de suivre les progrès au fil du temps.

Une approche validée pour améliorer la surveillance de la performance ESG

La nécessité d’améliorer les données ESG n’a jamais été aussi grande. Aujourd’hui, deux fois plus de propriétaires d’actifs identifient les données non fiables comme un obstacle majeur à la mise en œuvre de leur stratégie ESG. Cependant, la collecte de données environnementales fiables est complexe. Besoin de multiples sources, de temps, d’une coordination étroite entre de nombreux intervenants, de ressources financières et humaines conséquentes… Et de s’adapter à la collecte selon les différentes régions. Deepki simplifie ce processus pour vous. Notre plateforme Deepki rationalise la gestion de la performance ESG en centralisant toutes les données. Ces données, provenant de vos actifs et fournisseurs d’énergie, sont réunies en un seul endroit.

Avec la plateforme Deepki, vous pouvez :

  • Automatiser la collecte de données de consommation d’énergie avec l’aide de plus de 1 200 connecteurs.
  • Collecter d’autres types de données ESG à l’aide de formulaires, par exemple.
  • Surveiller les taux de couverture des données pour identifier les lacunes dans les données et garantir leur intégrité, permettant une prise de décision éclairée.

Deepki ne se contente pas de collecter des données exhaustives. Elle met en évidence les anomalies de consommation, facilitant ainsi une analyse approfondie et une meilleure transparence des données.

Combler les lacunes de données grâce au machine learning

Un autre obstacle majeur contribuant au greenwashing réside dans la rareté des données ESG disponibles. C’est un défi que le machine learning peut aider à surmonter. Grâce à sa vaste base de données couvrant plus de 400 000 bâtiments, Deepki estime les données de consommation des actifs manquantes à partir de valeurs de référence. Lorsqu’il y a des lacunes à un niveau plus granulaire, elles peuvent être comblées au niveau du compteur. Sinon, les données manquantes peuvent être extrapolées en fonction des schémas de consommation observés chez d’autres locataires ou compteurs similaires.

Intégrées dans la plateforme Deepki, ces estimations comblent les lacunes de données. Elles offrent une vue d’ensemble complète de la consommation globale. L’approche de Deepki s’étend à l’estimation de la consommation d’énergie provenant de différentes sources telles que l’électricité, le gaz, le chauffage urbain, le refroidissement urbain, le propane et le fioul de chauffage. Cela améliore la précision de la conversion des émissions de CO2 équivalent.

Conclusion

Les parties prenantes exigent la même robustesse et fiabilité pour les données ESG « non financières » que pour les données financières. Avec la montée de la demande pour des produits financiers durables sur le marché européen, le risque de greenwashing augmente, générant confusion et désinformation auprès des investisseurs.

En adoptant des normes de reporting strictes et en utilisant des données de haute qualité, les entreprises peuvent réduire les risques de greenwashing. Elles renforcent également la confiance et la crédibilité auprès des parties prenantes. Ne manquez pas l’occasion d’améliorer la qualité de vos rapports ESG et de renforcer la confiance des investisseurs. Découvrez dès maintenant le replay de notre webinaire. Bénéficiez de conseils d’experts en matière de transparence dans les rapports ESG :

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